Faciliter l’accès au logement
Démarrer une coopérative d’habitation
Toute personne qui souhaite prendre en charge ses conditions de logement peut participer à la création d’une entreprise coopérative et réaliser un projet d’habitation. Une fois le groupe formé, la coopérative doit être légalement constituée et son existence doit être publicisée auprès des autorités
La procédure de constitution d’une coopérative
Les modalités et la procédure de constitution d’une coopérative sont prévues aux articles 7 et suivants de la Loi sur les coopératives.
Cinq membres fondateurs sont requis pour constituer une coopérative. La constitution se fait par le dépôt, au MEIE, de statuts constitutifs indiquant le nom de la coopérative, l’objet pour lequel elle est constituée, le nom et le domicile des membres fondateurs ainsi que la loi en vertu de laquelle elle est constituée. Les statuts peuvent en outre prévoir diverses autres dispositions, notamment l’interdiction pour la coopérative de s’attribuer une ristourne et de verser un intérêt sur toute catégorie de parts privilégiées qu’elle détermine, ce que la loi permet d’adopter par règlement (voir article 148 L.c.).
Les statuts doivent de plus être accompagnés, notamment :
- D’une requête demandant la constitution de la coopérative signée par deux membres fondateurs
- D’un avis indiquant le nom et le domicile de la personne désignée comme secrétaire provisoire de la coopérative
- D’un avis indiquant le mode et le délai de convocation de l’assemblée d’organisation
- D’un avis indiquant le domicile de la coopérative
- D’un document indiquant la description du projet d’entreprise coopérative et des besoins que la coopérative peut satisfaire
- Des documents ou renseignements supplémentaires que le ministre demande pour l’étude de la requête
À partir du moment où la coopérative a une existence légale, les membres doivent développer un projet d’habitation viable et répondant à leurs besoins. Cette partie du travail, plus encore que les formalités légales, nécessite certaines connaissances et une expertise pour lesquelles vous aurez certainement besoin d’aide. Dans toutes les régions du Québec, il existe des groupes de ressources techniques (GRT), soit des organismes à but non lucratif spécialisés dans le développement de logements communautaires, qui pourront vous appuyer dans la réalisation de votre projet. Informez-vous auprès de l’une de nos fédérations. Elles ont, pour la plupart, un GRT affilié.
Avantages de la formule coopérative
L’établissement de coopératives d’habitation permet de revitaliser plusieurs secteurs urbains centraux, en plus de susciter l’achat de biens et services auprès de divers fournisseurs et marchands locaux. Les résidents des logements soutiennent, pour leur part, la vitalité commerciale des municipalités et des quartiers dans lesquels ils se sont établis.
Les avantages de la formule coopérative en habitation ne s’arrêtent pas là. Les activités de ces entreprises ont des retombées positives autant sur l’individu lui-même que sur les communautés locales, régionales et provinciales dans lesquelles elles évoluent.
En favorisant une importante mixité sociale, les coopératives d’habitation constituent un moyen d’éviter la ségrégation sociale, l’appauvrissement et l’isolement de certains groupes de la société. Elles permettent également aux individus de créer un réseau social et ainsi de développer le sentiment d’appartenance à un groupe.
Les activités des coopératives d’habitation ont également des retombées positives certaines sur l’économie du Québec. Elles permettent notamment aux gouvernements fédéral et provincial, qui investissent dans le logement communautaire, de réaliser des économies appréciables dans les programmes d’aide au logement, en plus de créer des emplois, notamment dans le milieu communautaire et dans le secteur de la construction.
D’autres coopératives d’habitation choisissent de donner une vocation particulière à leur projet immobilier, comme réaliser des bâtiments écologiques ou offrir du logement à des clientèles spécifiques, par exemple, des artistes, des travailleurs, des immigrants, des retraités, etc. D’autres encore choisissent de se donner des services socioéconomiques connexes au logement. Parmi les services les plus courants, on retrouve l’accès à un centre de la petite enfance (CPE), des services de cafétéria, de maintien à domicile et d’entretien ménager pour les personnes aînées ou en légère perte d’autonomie.
Types de projets
Les projets dits conventionnels représentent les coopératives d’habitation telles que nous les connaissons au Québec depuis toujours. Dans ce type de coopérative, appelée coopérative locative à possession continue, les membres sont collectivement propriétaires des immeubles en étant individuellement locataires de leur logement.
C’est ce type de coopérative d’habitation qui est financé par le programme provincial de construction de logements sociaux et communautaires appelé AccèsLogis Québec. Ce programme dit d’« aide à la pierre » subventionne jusqu’à 50 % des coûts de réalisation d’un projet lorsque ce dernier respecte un ensemble de critères qui touchent à la fois des aspects immobiliers et architecturaux que des aspects financiers, sociaux et légaux.
En effet, le montage financier du projet doit inclure une contribution du milieu équivalente à 15 % des coûts de réalisation. D’autre part, le 35 % restant peut provenir d’un prêt hypothécaire qui sera remboursé par les loyers des résidents, mais la coopérative devra s’assurer de pouvoir le rembourser dans les délais prescrits tout en conservant ses loyers à un montant inférieur à 95 % du loyer médian de la région.
Le programme AccèsLogis est administré par la SHQ. Un groupe promoteur qui désire soumettre un projet doit obligatoirement se faire accompagner par un groupe de ressources techniques (GRT).
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Expansion des coopératives existantes
De nombreuses coopératives se trouvent dans un contexte favorable à l’expansion de leur parc de logements actuel. En effet, comme les avantages de la vie en coopérative sont considérables, une proportion importante des membres reste dans leur coopérative de nombreuses années et vieillissent progressivement avec elles. Ainsi, plusieurs coopératives assistent au vieillissement graduel de leurs membres et n’offrent plus des logements adaptés à ce type de clientèle, qui continue cependant à occuper des logements conçus pour des familles. Ces coopératives auraient avantage à se doter de logements plus petits dont l’ergonomie serait adaptée aux besoins des personnes âgées, car elles pourraient ainsi mieux servir ses membres fidèles en plus de libérer des logements abordables pour accueillir de nouvelles familles.
D’autre part, plusieurs coopératives verront leur convention d’exploitation se terminer au cours des prochaines années. Ces conventions liant les coopératives à leur bailleur de fonds gouvernementaux, la SCHL dans la majorité des cas, imposent des contraintes administratives importantes aux coopératives. La fin de ces conventions leur permettra d’être beaucoup plus autonomes et libres dans leurs choix de gouvernance et donc dans leurs possibilités d’expansion.
En outre, ces conventions sont également liées au remboursement des paiements hypothécaires des coopératives, ce qui signifie que les coopératives libres de conventions auront également terminé de rembourser leur hypothèque et possèderont donc un patrimoine important représentant la valeur commerciale de leurs immeubles. Ce patrimoine peut facilement être mis à profit pour financer l’acquisition de nouveaux logements. On peut donc constater que toutes les conditions sont réunies pour permettre aux coopératives qui le souhaitent de penser sérieusement à des projets d’expansion!
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Coopératives de propriétaires
La coopérative de propriétaires est une nouvelle formule coopérative qui diverge de la formule conventionnelle où les membres sont collectivement propriétaires des immeubles de la coopérative tout en étant individuellement locataires de leur logement. Dans cette nouvelle formule, les membres résidents sont propriétaires de leur logement, tout en respectant les principes et modes de fonctionnement coopératifs. Cette formule favorise l’accession à la propriété en offrant des logements à moindre coût, répondant ainsi aux aspirations d’une grande portion de la population dont leur revenu actuel les exclus du marché privé.
Développé par la CQCH, le modèle vise à compléter la formule traditionnelle de coopérative d’habitation en permettant aux membres de ce type de coopérative de détenir un droit d’usufruit sur leur logement. L’usufruit est une forme de propriété limitée, mais suffisante pour obtenir un prêt hypothécaire sur le bien. Ainsi, la création d’une coopérative de propriétaires est financée directement par les membres à travers leur hypothèque personnelle, ce qui permet d’augmenter le financement global dédié au logement communautaire.
Le recours à un droit limité de propriété est justifié par le fait que l’objectif principal du nouveau modèle est de préserver la vocation abordable des logements. En effet, l’usufruit permet de fixer un mécanisme de revente prédéterminé différent du marché privé conventionnel dans lequel le rachat se fait au prix coûtant majoré uniquement par l’inflation ayant eu lieu pendant la période, ce qui limite la hausse rapide du prix des logements et prévient la spéculation.
Les avantages de cette formule sont nombreux, car si être propriétaire est généralement considéré comme une excellente forme d’épargne, cela procure également plusieurs bénéfices sociaux tels qu’une plus grande stabilité sociale, une hausse de la participation communautaire et une diminution de la criminalité. Par ailleurs, cela permet un plus grand rayonnement du mode de vie coopératif, de ses valeurs de solidarité et d’ouverture et de ses effets formateurs sur les membres qui y acquièrent des compétences civiques et de gestion.
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Projets spéciaux
GRT répond également aux groupes qui souhaitent réaliser des projets d’habitation communautaire qui ne correspondent à aucun des types précédemment décrits. Par le passé, nous avons par exemple reçu des démonstrations d’intérêt pour soutenir des groupes dans la réalisation de projets de type co-habitat (cohousing). Ce genre de projet réserve une proportion importante des espaces à des usages collectifs, tels qu’une cuisine, une salle à manger ou salle de réception, un salon, une salle de jeu pour enfants, un atelier de bricolage, une salle de réunion, etc. Les personnes intéressées par ce type de projet peuvent consulter le site du Réseau Canadien des Cohabitats ou un exemple du premier projet de cohabitat au Québec, de même que l’excellent livre Vivre autrement, de Diana Leafe Christian, publié aux éditions Écosociété.
Ces projets peuvent être de type propriétaire occupant ou de type locatif, ou même un mélange des deux. Cependant, comme ils ne se qualifient pas aux exigences du programme de subvention AccèsLogis, le groupe porteur doit trouver d’autres sources de financement. Nous pouvons proposer notre soutien dans ce type de projet en autant qu’il soit en accord avec ses principes et valeurs organisationnels. Les projets de propriétaires occupants doivent également respecter les critères de conception suivants :
- Le projet doit compléter l’offre actuelle et non la concurrencer, il ne s’adresse pas à la même clientèle
- Le projet doit s’autofinancer et ne pas puiser dans les sommes dédiées au logement social
- Le projet doit freiner la spéculation foncière
- Le projet doit viser la pérennité
Programmes de subventions
Les programmes de subventions AccèsLogis Québec et Logement abordable Québec – volet social et communautaire offrent par ailleurs du financement pour la réalisation de logements coopératifs : nouvelles constructions, rénovation ou recyclage d’édifices.
Notons toutefois que le programme Logement abordable Québec comporte certaines restrictions d’application sur le territoire du Québec. Ainsi, les projets de construction neuve et de transformation/recyclage doivent être réalisés dans les municipalités ou les secteurs de certaines municipalités dont le taux d’inoccupation est inférieur à 3 %.
Les projets de rénovation, quant à eux, peuvent être réalisés sur l’ensemble du territoire. Ces deux programmes d’aide aux coopératives sont administrés par la Société d’habitation du Québec (SHQ).
Pour obtenir de l’information sur les programmes d’aide financière et sur le démarrage de projets d’habitations coopératives, consultez le site de la Société d’habitation du Québec (SHQ).
Laissez-nous vous accompagner
Par l’entremise du groupe de ressources techniques (GRT), reconnu par la Société d’habitation du Québec (SHQ), nos fédérations offrent des services de soutien et d’accompagnement pour le développement de projets d’habitation communautaire.
- Regrouper en corporation les personnes intéressées par l’habitation communautaire
- Défendre et promouvoir les intérêts de ses membres
- Mettre en commun des informations, des expériences et des expertises
- Mettre sur pied toutes mesures susceptibles de répondre aux besoins concrets de ses membres
- Développer et favoriser l’éducation et la formation de ses membres
- Favoriser la prise en main du contrôle et du développement par les usagers de leur OSBL ou coopérative d’habitation
Foire aux questions
Qu’est-ce que la Loi sur les coopératives?
La Loi sur les coopératives est la loi régissant tous les secteurs coopératifs du Québec, y compris le secteur de l’habitation. Elle énonce les grandes règles qui encadrent les activités d’une coopérative, de sa constitution jusqu’à sa liquidation. On y retrouve, entre autres, les règles qui déterminent les pouvoirs et la capacité des coopératives, la structure de leur capital, les conditions pour en être membre, la composition et le fonctionnement de l’assemblée générale, la composition et le fonctionnement du conseil d’administration, les pouvoirs et les devoirs des administrateurs.
Mentionnons toutefois que les coopératives d’habitation, en tant qu’entreprises, gestionnaires de fonds publics et locateurs de logements, sont également assujetties à d’autres lois et règlements, dont :
- La Charte des droits et libertés de la personne
- Le Code civil du Québec
- La Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé
- La Loi sur la Régie du logement
- La convention d’exploitation de la coopérative d’habitation
- Les règlements et politiques de la coopérative d’habitation
- Il est possible de consulter ces différentes lois sur le site des Publications du Québec.
Qui peut nous accompagner pour démarrer un projet de coopérative d’habitation?
Le Groupe de ressources techniques (GRT) de votre région est habileté pour vous accompagner dans toutes les étapes de démarrage de votre projet.
Pour trouver le GRT de votre région cliquez sur le lien ci-dessous, de l’Association des groupes de ressources techniques du Québec (AGRTQ) https://agrtq.qc.ca/
Que doit-on faire pour démarrer une coop d’habitation?
D’abord, il faut bien préciser le besoin et les parties prenantes.
Par la suite il est nécessaire de constituer la coopérative pour pouvoir démarrer l’accompagnement avec le Groupe de ressources techniques.
Quelles sont les conditions gagnantes?
Le plus important :
compter sur un groupe déterminé, résilient et harmonieux car la période de démarrage comporte des difficultés et peut s’étirer dans le temps.
Combien de temps faut-il consacré mensuellement pour faire un projet?
L’implication en temps est variable en fonction de la phase du projet.
On peut compter quelques heures par mois en début de projet, et plusieurs heures au moment de l’appel d’offres, des choix de fini et encore plus au moment de l’emménagement dans les lieux.
Doit-on investir de l’argent personnel?
Non, l’investissement prend la forme de temps d’implication.
Combien de temps peut s’écouler entre le début des démarches et l’entrée dans les lieux?
Entre deux ans et demi et cinq ans avec le programme Accès logis.
Les délais seront possiblement plus courts avec le nouveau programme PHAQ selon les intentions dudit programme.
D’où provient le financement pour un projet en coopérative d’habitation?
Le nerf de la guerre, c’est l’argent. Il y a plusieurs sources actuellement dépendamment du besoin pouvant contribuer à 50 % du budget : SCHL avec ses programmes, la SHQ avec ses programmes dont le nouveau programme PHAQ, l’AGRTQ avec ses programmes.
Le financement est complété par la contribution du milieu allant de 15 % à 20 % et le financement hypothécaire d’environ 35 %.
Comment s’assurer qu’au terme de la construction, les logements auront des coûts accessibles pour la population visée?
Il faut s’assurer d’avoir un bon budget de réalisation.
Des normes sont à suivre avec le programme Accès logis pour assurer d’avoir des coûts de logement accessibles.
Avec le nouveau programme PHAQ, les coûts de logements s’inscrivent dans une nouvelle notion de logement abordable qui demeure à être précisée.
Pouvons-nous démarrer une coopérative d'habitation pour des personnes ayant des besoins particuliers?
Oui, on crée la coopérative d’habitation pour fournir un logement à ses membres pouvant aussi fournir des services adaptés.
Combien coûte l’accompagnement d’un GRT?
Le programme de financement encadre le coût de l’accompagnement, souvent par un pourcentage établi en fonction du projet de réalisation du projet.