L’agriculture urbaine en coopératives d’habitation

En 2017-2018, la CQCH a réalisé une étude de faisabilité sur l’implantation de projets d’agriculture urbaine sur les terrains et espaces libres des coopératives d’habitation. Plus concrètement, l’étude visait à déterminer le potentiel économique de la culture de végétaux, de l’apiculture urbaine et de la garde de poules pondeuses. Voici un aperçu du portrait de l’agriculture urbaine que nous avons dressé à partir des résultats obtenus.

Qu’est-ce que l’agriculture urbaine ?

L’agriculture urbaine est une pratique qui a vu le jour avec les premiers jardins en ville. Principalement lors de grandes crises économiques, ces jardins étaient aménagés afin de cultiver et d’offrir des aliments pour lutter contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire[1]. Avec les années, les citoyens se sont approprié la pratique et, finalement, ont commencé à produire des fruits et des légumes pour eux-mêmes. Plusieurs villes possèdent leurs jardins communautaires : Montréal et Québec comptent d’ailleurs le plus d’initiatives en agriculture urbaine.

Outre le fait qu’elle permette l’accès à des aliments frais, l’agriculture urbaine présente plusieurs avantages pour une communauté ou, dans le cas qui nous intéresse, pour les membres des coopératives d’habitation. Ces aménagements utilisent les espaces libres et embellissent les milieux de vie. Le jardinage et l’entretien des plants permettent également la socialisation entre les membres, la participation à un projet commun ainsi que l’acquisition de nouvelles connaissances. Finalement, sur le plan environnemental, la plantation de végétaux permet de réduire l’importance des îlots de chaleur et d’améliorer la qualité de l’air. Alors, pourquoi s’en passer ?

La culture de végétaux

La culture des végétaux (les jardins, bacs de légumes, etc.) est la pratique principale lorsqu’on pense à l’agriculture urbaine. Il existe néanmoins plusieurs techniques et moyens d’arriver à cultiver des fruits et des légumes. La plus connue, le jardin au sol, demande moins d’équipements, mais doit tout de même être bien réfléchie pour que l’ensoleillement soit optimal et que les allées soient aménagées adéquatement. La majorité des légumes peut être cultivée de cette manière. On estime à un kilogramme par mètre carré la production annuelle de légumes pour ce type de plantation.

Les jardins en bacs sont aussi une avenue intéressante pour les coopératives d’habitation. En effet, comme plusieurs coopératives d’habitation présentent des balcons ou des espaces plus restreints, les bacs s’accommodent bien des espaces libres. Attention : il faut que le bac choisi soit assez profond pour permettre la pousse des légumes. Par exemple, une carotte a besoin d’espace en profondeur pour pousser. Par ailleurs, dans un bac, la terre sèche plus rapidement que celle au sol. Il faut ainsi prévoir plusieurs séances d’arrosage. Cette technique semble être la plus productive avec des récoltes d’approximativement 5,5 kilogrammes de légumes par mètre carré annuellement.

Souvent oubliées, les serres ont été reconnues pour leur grande productivité. L’étude de la CQCH démontre qu’il s’agirait d’une option prometteuse lorsqu’on désire axer notre culture sur la production et sur la rentabilité. Par contre, l’installation d’une serre est plus coûteuse, ce qui pourrait en dissuader plusieurs.

 

 

Faire pousser des légumes sur votre toit ? Pourquoi pas !

L’aménagement de jardins sur les toits des coopératives d’habitation est une autre option envisageable. Par contre, d’importants coûts peuvent y être associés, surtout si l’on désire aménager un toit vert. Ceux-ci, de plus en plus répandus, impliquent les mêmes techniques que la culture au sol, mais sont aménagés sur le toit. Vous comprendrez que le poids de la terre doit être considéré lors de la conception. Dans ces cas, l’expertise d’architectes et d’ingénieurs est primordiale. Après tout, on ne veut pas que le toit s’effondre !

L’aménagement de bacs sur un toit serait également intéressant. Il faut cependant s’assurer que le toit soit facilement accessible, de même qu’une source d’eau. Certains légumes, tels que les crucifères, sont à éviter sur les toits à cause du fort ensoleillement. (photos)

 

Des œufs frais tous les jours et de la compagnie dans votre cour ?

La garde de poules pondeuses est une pratique de plus en plus répandue. Mis à part le poulailler, la garde de poules demande peu d’investissement, mais requiert une attention quotidienne. Il faut prendre le temps de nourrir et de récolter les œufs chaque jour, tâche plutôt ludique. En contrepartie, il faut nettoyer le poulailler, ce qui peut être beaucoup moins attrayant pour les membres de la coopérative d’habitation. Selon le Laboratoire d’agriculture urbaine, le poulailler doit être de minimalement 0,4 mètre carrépar poule et l’enclos, de 0,9 mètre carré par poule.

 

L’apiculture urbaine

L’apiculture urbaine est une façon intéressante d’obtenir du miel, mais aussi d’assurer la présence de pollinisateurs en milieu urbain. Les abeilles travaillent dans l’ombre et aident à la floraison de plusieurs de vos plates-bandes. On estime que, par année, une ruche pourrait produire jusqu’à 20 kilogrammes de miel. L’apiculture urbaine demande tout de même un investissement en temps et en argent, notamment pour la formation, car il est préférable de connaître l’apiculture pour bien manipuler et entretenir les ruches. L’installation des ruches doit être effectuée selon les normes du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) : une ruche située à moins de 15 mètres d’un chemin ou d’une habitation doit être clôturée. Cependant, il existe des organismes qui offrent le service d’installation et d’entretien de ruches. Ces spécialistes, moyennant un certain montant par mois, vous aident à en assurer le suivi. Avant d’entreprendre un projet d’agriculture urbaine, informez-vous auprès de votre ville ou de votre municipalité ; les activités liées à l’agriculture urbaine sont réglementées, mais sont tout de même accessibles.

 

En conclusion

L’agriculture urbaine est un moyen de promouvoir la participation des membres tout en ayant accès à des fruits et légumes frais. Vous désirez en savoir plus sur l’agriculture urbaine ? Plusieurs organismes peuvent vous accompagner et ont conçu des outils pour favoriser l’implantation de l’agriculture urbaine :

  • Alvéole
  • AmiEs de la Terre de Québec
  • Coopérative Tourne-Sol
  • Craque-bitume
  • Laboratoire d’agriculture urbaine (AU/LAB)
  • MAPAQ
  • Nature Québec
  • Réseau d’agriculture du Québec (RAUQ)
  • Urbainsculteurs
  • Vivre en ville

 

Un dépliant sur le sujet a également été réalisé par la CQCH. Il est disponible dans la zone membre du site Web. Allez le télécharger pour cultiver l’idée avec vos membres ! 

 

 

 

 

 

 

 

[1]Boulianne, 2001. L’agriculture urbaine au sein des jardins collectifs québécois : Empowerment des femmes ou « domestication de l’espace public » ?, Anthropologie et Sociétés(25 : 1) p. 63-80.

par Roxanne Dubé, chargée de projet, CQCH


25 Juil 2018

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