DES COOPÉRATIVES CARBONEUTRES, COMMENT Y PARVENIR ?
La carboneutralité, un sujet présent sur toutes les lèvres et qui suscite bien des questions, surtout quand vient le temps d’appliquer des mesures concrètes pour tenter de s’en rapprocher. L’assemblée générale de mai dernier (AGA 2022) a recommandé à l’ensemble du Mouvement un virage vers la carboneutralité. On sait qu’idéalement, une économie carboneutre doit cesser d’émettre des gaz à effet de serre. Cet objectif peut nous sembler irréaliste à court et à moyen terme en raison de notre dépendance aux sources de chauffage, aux déplacements et aux activités de rénovation qui nous sont propres. Nous devrons alors minimalement compenser les ravages des gaz à effet de serre par des mesures comme la plantation d’arbres ou la consommation d’énergie verte. Sur proposition de l’AGA, la CQCH fera donc le nécessaire pour aider les coopératives d’habitation à réduire leur empreinte carbone. Ce sera aussi le cas pour les fédérations et la confédération.
Que cela implique-t-il pour les coopératives d’habitation? Est-il possible de construire et d’exploiter une habitation qui aura peu d’impact sur le climat ? Oui. Même qu’il est moins compliqué que l’on pense de trouver des matériaux de construction qui ne contiennent que peu ou pas de pétrole. Au Québec, nos appartements et maisons produisent près de 5 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES), selon le dernier inventaire québécois (ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques : Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre).
Ce passif climatique se cache aussi dans chacun des matériaux qui composent une habitation, de l’extraction des matières premières à leur transformation. L’énergie consacrée à leur transport et à leur installation entre également en ligne de compte. L’impact sur le climat d’une habitation au Québec provient davantage de sa construction que de l’usage qu’on en fait. Pour réduire le plus possible l’empreinte carbone de notre demeure, il faut choisir d’abord des matériaux durables et « climato-sympathiques ».
Ressources naturelles Canada offre de bons conseils sur la manière d’économiser de l’énergie et, conséquemment, de lutter contre les GES, au moyen de modifications à apporter dans les cuisines, les salles de bain, les salles de séjour, les salles à manger et les chambres et qui ne sont pas excessivement coûteuses. Certains des conseils peuvent également s’appliquer au bureau de votre coopérative, à la buanderie, aux corridors, au local des installations mécaniques et au garage. Vous pouvez en outre économiser de l’énergie dans les aires extérieures comme les balcons, les cours avant et arrière, selon que votre coopérative soit composée d’appartements ou de maisons en rangée. Les petits projets réalisés dans chaque logement des coopératives peuvent exercer une influence positive à long terme, et ce, pour un faible coût initial. Quel projet sera le bon pour votre coopérative?
Dans l’ensemble, les coopératives d’habitation ont une très forte base écologique car la grande majorité d’entre elles est de type multifamiliale et implantée dans des sites urbains ou bénéficiant de services de proximité. Plusieurs coops sont aussi aménagées dans des immeubles rénovés contribuant à leur conservation. Également, les coops d’habitation sont des organismes durables.
Après 10 ans d’existence, le taux de survie des coopératives en général est de 2,5 fois plus élevée que celui des entreprises privées et parmi les coopératives, les coops d’habitation sont celles qui ont le plus haut taux de survie (https://guideperrier.ca/cooperatives-habitation-durable-vertes/ – point 8.0) Par ailleurs, la coop d’habitation est un organisme sensible à son environnement physique et humain. Par leur proximité et l’appropriation des lieux, les membres des coops se sentent plus concernés par le bien-être des membres de leur communauté. Ils peuvent intervenir plus rapidement pour le maintien en bon état de l’immeuble, de son environnement et du climat social. La coop d’habitation favorise aussi le partage de biens, de services et d’informations. Par l’entremise du réseau des coopératives, les coops bénéficient de l’expérience d’autres coopératives pour faire des choix éclairés. Finalement, la coop d’habitation favorise la mixité sociale. Ceci diversifie les liens sociaux et favorise la cohésion sociale, propice au développement durable.
Malgré la volonté manifeste des coopératives d’habitation d’investir dans le développement durable, le manque de connaissance spécifique sur les bonnes pratiques et la mission d’offrir des loyers économiques limitent fortement les moyens financiers pour une intervention possible ayant un fort impact environnemental sur les immeubles et les terrains. Les interventions les plus logiques demeurent le maintien de l’immeuble en bon état, incluant l’aménagement du terrain, le choix de produits sains, durables et à haute efficacité énergétique lors du remplacement de composantes, l’encouragement des membres à utiliser des produits sans danger pour l’environnement et la récupération des produits recyclables.
Il existe heureusement des programmes d’aide pour guider les coopératives vers la carboneutralité. La CQCH notamment se joint à ses fédérations membres pour participer au programme de micro-subventions pour des coops plus vertes, initiative de la Fédération de l’habitation coopérative du Canada (FHCC). Certaines actions concrètes sont ciblées telles la plantation d’arbres, la promotion du transport actif et l’aménagement sécuritaire et pratique pour les vélos, l’amélioration de l’éclairage, l’installation de stations de recharge pour véhicules électriques, la réalisation d’études portant sur la viabilité des nouvelles technologies économes en énergie, comme la collecte des eaux grises, l’implantation de jardins sur les toits et les initiatives d’énergie propre.
Et moi, que puis-je faire? La carboneutralité est l’affaire de tous et chacun doit y jouer un rôle, si petit soit-il. Planter des arbres supplémentaires, remplacer ses vieux équipements horticoles à essence par des appareils électriques, favoriser des voitures plus petites, idéalement hybrides ou électriques, remplacer les ampoules incandescentes et fluorescentes par des DEL, composter, réutiliser, bref, nous sommes tous exposés quotidiennement à des décisions qui feront de nous des citoyens écoresponsables. Ensemble nous avons donc le pouvoir de léguer à nos enfants une société carboneutre ; n’est-ce pas le plus beau cadeau que nous pouvons leur faire ? Et pourquoi ne pas commencer par notre Mouvement?