APPRENDRE À RÉSOUDRE LES DIFFÉRENDS EN COOPÉRATIVES D’HABITATION
Les coopératives d’habitation sont généralement un havre de sécurité et de tranquillité où il fait bon vivre. Mais bien entendu, comme partout ailleurs, des conflits entre membres ou entre membres et gestionnaires peuvent survenir. Des personnes qui habitent au même endroit et qui partagent le même milieu de vie sont appelées, de temps à autre, à vivre des conflits mineurs, souvent, de simples mésententes, mais parfois aussi des guerres intestines et difficiles à résoudre. Pourtant, il est possible de désamorcer une crise avant qu’elle ne dégénère ! Mais jusqu’où un conflit peut nous mener?
D’entrée de jeu, rappelons que les conflits graves ne sont pas monnaie courante au sein des coopératives. Les membres sont généralement des personnes pacifistes et conciliantes et adorent la vie en communauté. Ils évitent la plupart du temps les affrontements et les « prises de bec ». Les conseils d’administration ne sont pas en reste; ils sont constitués de personnes qui s’impliquent fortement dans la vie coopérative, qui y croient passionnément et qui tiennent à conserver la paix et l’harmonie entre les membres ou entre les membres et le Conseil d’administration. Ce sont évidemment des personnes bienveillantes, dévouées et attentives aux problèmes des membres.
Pourtant, des dérapages, plutôt rares par chance, y sont possibles. En effet, certains conflits se retrouvent devant les tribunaux ou exposés devant le public par le biais des médias. Ces situations détériorent significativement le climat dans la coopérative et entrainent des conséquences désastreuses sur la réputation de notre modèle d’affaires. Ces situations causent énormément de souffrance au membre concerné, aux administrateurs, aux autres résidents de la coopérative de même qu’à l’image des coops en général. Si des frais juridiques s’ajoutent au problème, c’est la santé financière du membre, de la coopérative ou des deux qui pourra être affectée.
L’environnement juridique encadrant la relation entre le membre locataire et sa coopérative est complexe et pas toujours facile à décoder. La Loi sur les coopératives doit être respectée et, en prévision de situations conflictuelles, la coopérative d’habitation doit adopter dans son règlement des modalités de recours à la médiation. La CQCH dispose d’un modèle reconnu.
Comment apprendre à résoudre les différends en coopérative d’habitation et de façon relativement conviviale ? La plupart des différends peuvent être réglés par une bonne conversation, une poignée de main et, pourquoi pas, en buvant une bonne bière! Mais les autres?
D’abord, si un conflit surgit, il faut tout tenter pour éviter sa progression. Voici quelques lignes de conduite simples qui peuvent éviter qu’un conflit ne s’aggrave : évitez de le nier (ne pas feindre d’ignorer le litige), faire preuve d’empathie (comprendre la position et les revendications de toutes les parties, même celles qui s’opposent à nous), évitez d’être sur la défensive (attitude ouverte et conciliante), être de bonne foi (montrer une volonté sincère d’arriver à un règlement), évitez de jouer au jeu du blâme (tenter de démontrer à tout prix que l’autre a forcément tort) et évitez le besoin d’avoir toujours raison (attitude égoïste). https://www.grenier.qc.ca/chroniques/27381/comment-desamorcer-un-conflit
Lorsque ces lignes de conduite ne suffisent pas à ramener le climat et la relation au beau fixe, il est suggéré de recourir à une solution qui a fait ses preuves : la médiation. La médiation, de façon générale, est un mode de résolution des conflits par lequel un tiers impartial, le médiateur, intervient auprès des parties pour les aider à trouver une entente équitable et viable, répondant aux besoins de chacun et faisant l’objet d’un consentement libre et éclairé. La médiation permet de développer et d’approfondir les besoins de chacune des parties, d’analyser ensemble plusieurs options de règlement et de choisir la solution la plus satisfaisante pour les parties.
Les conflits impliquant exclusivement des membres entre eux ne sont pas couverts par ce règlement. Il existe par ailleurs la médiation citoyenne. Celle-ci fait appel à des médiateurs bénévoles qui appartiennent à un milieu social donné (quartier, immeuble, municipalité, etc.).
Inspiré par une initiative de nos collaborateurs en Estrie, la CQCH s’associe avec le réseau Équijustice (equijustice.ca) et les fédérations membres pour le déploiement d’un tel service sur leur territoire du Québec. En effet, la Fédération des coopératives d’habitation de l’Estrie (FCHE) et Équijustice de l’Estrie offrent une formation en médiation citoyenne visant à former des membres bénévoles afin qu’ils soient en mesure d’intervenir dans des situations de conflits entre voisins et permettre ainsi à chacun d’exprimer, d’être entendu et de trouver des outils pour mieux composer avec la situation. Pour devenir médiateur citoyen, une formation de 21 heures est dispensée par le réseau d’Équijustice. https://cooperativehabitation.coop/estrie/#formations
De plus, la CQCH diffuse le guide de bon voisinage qui suggère différentes façons de bien vivre ensemble en coopérative. On y aborde entre autres le processus de médiation citoyenne et une panoplie de stratégies pour favoriser encore davantage le bon voisinage et structurer efficacement de nouvelles pratiques en gestion des conflits.
La prévention reste la meilleure façon d’éviter une dispute. Les coopératives disposent d’une gamme d’outils et de procédures pour prévenir ou gérer les différends afin que ceux-ci ne dégénèrent en conflits déchirants. Si un différend entre des membres ou entre certains d’entre eux avec le Conseil d’administration survient, les fédérations et la CQCH sont disponibles pour aider.
NOTE : Le projet de médiation citoyenne est financé par le Centre de transformation du logement communautaire